Crime homophobe : jusqu'à 20 ans de réclusion prononcés par les assises de Seine-Maritime


Vendredi 16 Novembre 2012 à 00:40 -



Le verdict de la cour d'assises de Seine-Maritime est tombé dans la soirée. Il est conforme aux réquisitions de l'avocat général, Michel Senthille. Steve Belleau, 28 ans, est condamné à vingt ans de réclusion criminelle; Stéphane Benaissa, 29 ans, à quinze ans de la même peine et Farid Ait Ali, 29 ans, à quatre d'emprisonnement.
Les trois accusés étaient jugés depuis lundi, à huis clos. Steve Belleau et Stéphane Benaissa pour "tentative d'homicide, tortures ou actes de barbarie en raison de l'orientation sexuelle de la victime", Farid Ait Ali pour "non empêchement d'un crime ou d'un délit contre l'intégrité corporelle". Ils ont été reconnus coupables au terme de quatre jours de débats contradictoires.


Découvert agonisant en lisière de forêt


Le 27 septembre 2009, Jérémy S., alors âgé de 25 ans, avait été découvert par un automobiliste alors qu'il agonisait sur le bord d'une bretelle de la voie rapide à proximité de la forêt des Essarts, à Grand-Couronne (Seine-Maritime). Le jeune homme seulement vêtu d'un slip et d'un tee-shirt, présentait de graves brûlures sur le visage et les jambes, ainsi que de nombreuses traces de coups au niveau de la tête et du haut du corps. Sa voiture, une Peugeot 206, était découverte un peu plus loin en lisière de forêt, entièrement calcinée.


Jérémy était placé dans un coma artificiel. Les premiers examens médicaux réalisés au CHU de Rouen, permettaient de penser que le jeune homme pouvait avoir été violé, "de la terre et des végétaux ayant été retrouvés dans son anus". Son état de santé avait nécessité son admission au service de réanimation des grands brûlés de l'hôpital Cochin à Paris. Il avait ensuite intégré un centre de réadaptation spécialisé qu'il ne quittera qu'en janvier 2010.


Une enquête difficile de plusieurs mois


Il aura fallu plusieurs mois d'une minutieuse enquête aux policiers du Service régional de police judiciaire de Rouen pour identifier les auteurs de ce crime. En février 2010, en effet, Steve Belleau, Stéphane Benaissa et Farid Ait Ali étaient interpellés, dans la région d'Elbeuf. Ils avaient pu être confondus grâce aux témoignages et aux révélations de certains de leurs amis placés également en garde à vue dans le cadre de l'affaire.
Longuement interrogés par les policiers, chacun avait donné sa version des faits, tentant de minimiser sa participation à cette agression sauvage. Les trois hommes avaient affirmé avoir beaucoup bu cette nuit-là. Et Steve Belleau, au volant de sa voiture dans un chemin forestier, avait cru comprendre que les appels de phare que lui aurait fait Jérémy était une invitation à une rencontre homosexuelle. Il avait alors imaginé, avec Stéphane Benaissa et Farid Ait Ali, tendre un piège au jeune homosexuel en allant à sa rencontre dans les sous-bois tandis que ses deux passagers s'étaient cachés à l'arrière du véhicule.


"Laissez-le brûler"


La suite n'a été qu'un déchaînement de violences, de coups de crosse de pistolet, de coups de pieds et de poings. Avant de s'enfuir, et après avoir aspergé la victime d'essence et d'y mettre le feu, Steve Belleau avait lancé à ses complices : "pour moi il est mort, laissez-le brûler".
Durant ce procès, jurés et magistrats professionnels se sont attaché à définir quel a été le rôle de chacun des accusés cette nuit-là. Le verdict prononcé ce jeudi soir en est le reflet. Outre sa peine à vingt ans de réclusion, Steve Belleau, qui a toujours revendiqué son aversion pour les homosexuels, devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire pendant quatre ans et une obligation de soins.
Les trois hommes ont dix jours pour faire appel du verdict de la cour d'assises.


Rémy Lebel



L'association Gay'T  Normande
"Un immense gâchis"
"La justice a fait son travail. Doit-on être content d’une telle issue ? Oui bien entendu mais cela reste un immense gâchis. Il faut maintenant que l’État agisse et éduque la Nation dans les écoles, les collèges, les lycées pour lutter contre l’homophobie et qu’un tel événement ne se reproduise plus, car tout commence dans la cour de récré : les insultes, les discriminations,..." (site gaynormandie.com)

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