Disparition de Chloé, 22 mois : la mère avoue avoir abandonné sa petite fille


Vendredi 23 Novembre 2012 à 09:01 -



La petite Chloé avait été abandonnée par sa mère dans ce massif boisé à proximité du hameau de Normare (en haut). Elle a été découverte à trente mètres environ en bordure de la route, dans un endroit difficile d'accès selon les gendarmes. (Capture d'écran Google Maps)

La petite Chloé, 22 mois, retrouvée saine et sauve, a été hospitalisée au CHU de Rouen, mais ses jours ne sont pas en danger. Selon nos informations, confirmées par le procureur de la République Michel Senthille, la petite fille a été abandonnée par sa mère jeudi soir. Elle a été découverte, prostrée,  vendredi vers 14 h 45 au cours d'une battue effectuée par les gendarmes, dans un massif boisé en bordure d'une route du hameau Normare, à Belbeuf, à trois kilomètres environ du lieu de sa disparition supposée. La garde à vue de la mère a été prolongée ce vendredi soir de vingt-quatre heures. Christelle Dos Santos, 41 ans, sera examinée ce samedi par un expert psychiatre. En fonction des conclusions du médecin, il appartiendra à la justice d'entamer des poursuites judiciaires à son encontre ou de prononcer un internement d'office.


Deux inconnus et une grosse cylindrée


Les faits. Jeudi soir, vers 19 heures, une femme âgée de 41 ans se présente à la gendarmerie de Boos. Elle déclare aux gendarmes qu'en sortant du magasin Distri-Center, route de Paris à Franqueville-Saint-Pierre, elle a été attaquée sur le parking par deux inconnus encagoulés qui lui ont arraché sa fillette des bras et se sont engouffrés dans une voiture de grosse cylindrée de couleur sombre. Une version qui semble de prime abord tout à fait plausible.
Un plan de  recherches est immédiatement mis en place par les gendarmes et un message spécial est diffusé à tous les services de police et de gendarmerie du département. Un hélicoptère de la gendarmerie et un chien pisteur de la brigade cynophile sont mobilisés une partie de la nuit. Ils ratissent les environs dans tous les sens. En vain. L'alerte enlèvement toutefois n'est  pas déclenchée.


Une affaire compliquée et sensible


La mère de l'enfant, domiciliée dans le secteur de Boos, est aussitôt entendue par les gendarmes de la section recherches (SR) de Seine-Maritime, à qui le parquet de Rouen - qui a suivi de très près l'affaire - a confié l'enquête. Aucune information ne filtre, les enquêteurs estimant qu'il s'agit d'une affaire compliquée et sensible. Ils tentent d'établir en effet dans quelles circonstances ce rapt a pu avoir lieu. Ils vont auditionner tous les proches de la maman, ainsi que d'éventuels témoins de la scène.
Joint au téléphone par infonormandie.me, le procureur de la République de Rouen, Michel Senthille, confirme implicitement l'affaire vendredi matin, mais répond : "pas de communication dans l'immédiat".


Et puis Christelle Dos-Santos craque


Au fil des auditions de la maman, Christelle Dos Santos, les enquêteurs relèvent à la fois des contradictions et des incohérences dans la relation des faits. Si bien qu'elle est placée en garde à vue dans le courant de la nuit. Les gendarmes veulent vérifier un certain nombre d'éléments, comme la situation familiale du couple. Il apparaît ainsi que la mère de l'enfant, ancienne assistance maternelle, présente des troubles pyschologiques, voire des symptomes dépressifs. Les enquêteurs exercent alors une pression de plus en plus forte sur elle. Puis, ce vendredi en fin de matinée, elle craque.


24 h de plus auraient pu être fatale à Chloé


Christelle Dos Santos reconnaît avoir avoir abandonné son bébé dans une forêt entre Le Mesnil-Esnard et Belbeuf, à quelques kilomètres de son domicile. Elle n'explique pas vraiment pourquoi, mais "manifeste à ce moment-là un grand soulagement". Après quoi, elle accepte de conduire les gendarmes sur le lieu où elle dit avoir abandonné Chloé, dans la soirée de jeudi. De fait, au cours d'une battue en forêt, deux jeunes réservistes de la gendarmerie mobilisés dans la nuit découvrent la petite fille prostrée dans un buisson. " Elle était dans un endroit difficile d'accès, à environ trente mètres en contrebas de la route", indique un officier de la gendarmerie. L'enfant était mouillée mais en bonne santé.
Selon le médecin du SAMU qui a pris Chloé en charge, sa vie aurait été en danger si elle était restée vingt-quatre de plus dans cette situation.


Une ordonnance de placement pour Chloé


Hier soir, au cours d'une conférence de presse, le procureur de la République de Rouen s'est réjoui de ce dénouement heureux, félicitant le travail des gendarmes. Une centaine de militaires ont en effet été mobilisés dès le soir même, ainsi qu'un hélicoptère de la gendarmerie et le chien pisteur de la brigade cynophile.  La brigade fluviale de Grand-Quevilly a elle aussi été sollicitée pour fouiller la Seine et ses berges, à la recherche de la fillette.
Une ordonnance de placement provisoire de Chloé a été signée par le procureur de la République, tandis que la garde à vue de la mère a été prolongée de vingt-quatre heures.


Pourquoi Alerte enlèvement n'a pas été déclenchée


Dès les premières heures de l'enquête, les gendarmes sont restés circonspects quant aux déclarations de la maman, ce qui a pu expliquer pourquoi la procédure d'alerte enlèvement n'a pas été activée. "En l'absence de témoins oculaires, rien ne prouve que la fillette a été enlevée", nous confiait en fin de matinée une source, confirmant le placement en garde à vue de la maman."Il s'agit d'une mesure conservatoire, qui ne signifie en rien une quelconque mise en cause de la maman", précise cette même source. Dans l'immédiat, toutes les hypothèses sont ouvertes et chacune d'elles fait l'objet d'investigations approfondies.


Rémy Lebel


Le père de la petite Chloé, Antonio Dos-Santos, a lancé vendredi matin un appel sur Facebook.


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