Eure. Après la mort de Lisa, 3 ans, deux directeurs d'école mis en examen pour non-dénonciation de mauvais traitements


Lundi 15 Janvier 2024 à 16:28 -

La directrice de l'école maternelle et le directeur de l'école primaire où étaient scolarisés Lisa, 3 ans et son frère de 6 ans, ont été mis en examen pour non-dénonciation de mauvais traitements. Après la mort de la petite fille, sa mère et son beau-père ont été mis en examen pour meurtre en septembre dernier à Conches-en-Ouche



Lisa, qui allait avoir 4 ans, était scolarisée en maternelle - Illustration © Pixabay
Deux directeurs d'écoles de l'Eure ont été mis en examen pour non-dénonciation de mauvais traitements dans le cadre de l'enquête sur la mort de Lisa, 3 ans, survenue en septembre 2023, battue par sa mère et son beau-père.

Les deux enseignants, suspendus de leurs fonctions par l'Académie de Normandie, ont été placés sous contrôle judiciaire.

Le drame remonte à près de quatre mois, à Conches-en-Ouche (Eure). La petite Lisa est décédée dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 septembre dernier dans le service de pédiatrie du CHU de Rouen où elle avait été admise dans un état critique.

Aux alentours de minuit, les sapeurs-pompiers et le SMUR avaient été appelés à intervenir au domicile d'un couple pour une petite fille en arrêt cardiorespiratoire. Alors qu'ils faisaient tout pour tenter de la réanimer, ils  avaient constaté de « gros hématomes » et d'autres traces de violences sur l'ensemble du corps de l'enfant née le 3 octobre 2019.

La fillette présentait « des hématomes d’âges différents affectant l’ensemble du corps, le visage, la partie haute du thorax, les quatre membres, le dos et le pubis », avait alors déclaré le procureur de la République d'Evreux, Rémi Coutin, citant le certificat médical délivré par un médecin du CHU de Rouen, ayant examiné Lisa..

La mère âgé de 27 ans et le beau-père de 29 ans avaient été interpellés et placés en garde à vue. 

Lisa et son frère victimes de violences régulières

Lors de leur audition, la mère et son compagnon  avaient tenté de faire croire que Lisa était une petite fille qui tombait et se cognait souvent toute seule. Puis, sous le feu des questions des enquêteurs, ils avaient fini par reconnaître « avoir exercé de façon régulière et de plus en plus prononcée, durant les derniers mois, des violences sur l'enfant, sous le coup de la colère ». 

Ils ont été depuis mis en examen pour homicide sur mineure de moins de 15 ans et violences sur mineur de moins de 15 ans et placés en détention provisoire. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

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La question s'était alors posée sur l'absence de signalement « dans la mesure où la petite fille était scolarisée au moins depuis la rentrée de septembre 2023, en moyenne section de Maternelle », avait déclaré Rémi Coutin. Dans l'attente des résultats de l'enquête diligentée par l'Académie de Normandie, la décision avait toutefois été prise de suspendre immédiatement, à « titre conservatoire », la directrice de l'école maternelle où était scolarisée la fillette.

Non-dénonciation de mauvais traitements

Les investigations, sur commission rogatoire du juge d'instruction, ont permis aux gendarmes d'apporter de nouveaux éléments à charge. Ainsi, le 7 décembre, la directrice de l'école maternelle où était scolarisée Lisa et le directeur de l'école primaire où était scolarisé son grand frère âgé lui de six ans, victime lui aussi de maltraitances, ont été placés en garde à vue.

Lors de son audition, « la directrice a semblé reconnaître en partie qu'elle a eu conscience qu'il fallait faire un signalement. Elle ne l'a pas fait par manque de temps », a indiqué, à infonormandie,  le procureur de la République. Le directeur de l'école primaire a quant à lui contesté sa responsabilité, estimant qu'« il manquait d'éléments pour procéder avec certitude à un signalement »

Les deux enseignants ont été mis en examen pour non-dénonciation de mauvais traitements sur mineurs de moins de 15 ans. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact entre eux et avec la mère et le beau-père de Lisa et de son frère. S'ils étaient renvoyés devant une cour d'assises, ils encourraient chacun une peine de cinq ans d'emprisonnement et 75 000€ d'amende. Dans l'immédiat, ils sont présumés innocents.