Il achetait les armes en Slovaquie pour en tirer un bénéfice en les revendant en France
Tout démarre le 27 août 2013, au sein d'une plateforme logistique de Val de Reuil, dans l'Eure. Au cours d'une fausse manœuvre, une caisse en attente d'être livrée à son destinataire tombe à terre et s'éventre. Les employés découvrent alors des armes quasiment neuves à l'intérieur. Il s'agit de huit Kalachnikov.
Pas complètement inoffensives
L'étonnement passé, le responsable de l'entrepôt alerte les services de police de Val de Reuil. Le procureur de la République d'Evreux est informée de cette découverte et saisit immédiatement la police judiciaire de Rouen. Les armes récupérées sont alors expertisées à l'Institut national de la police scientifique (INPN) basé à Lille.
Ces Kalachnikov ont été démilitarisées en Slovaquie, d'où elles ont été expédiées. Mais elles ne sont pas aux normes de neutralisation imposées en France. Les experts estiment en effet qu'elles peuvent facilement être remises en service. Elles ne sont donc pas complètement inoffensives.
Les huit Kalachnihkov qui ont d'abord été découvertes incidemment à Val de Reuil et qui ont permis au SRPJ de remonter jusqu'à leur destinataire, près de Rouen
Un véritable arsenal découvert chez lui
Dès lors la police judiciaire va alors s'intéresser à leur destinataire, qui habite dans la région rouennaise. Il est placé sous étroite surveillance. Son activité et ses relations professionnelles font l'objet d'un examen minutieux. Les enquêteurs veulent savoir qui est cet homme, inconnu de leurs services.
Ils ne vont pas tarder à le savoir : le 3 août à 6 heures du matin ils investissent la propriété de ce suspect hors du commun. L'homme est interpellé. Sa demeure est perquisitionnée de fond en comble. Les policiers du SRPJ, assistés des techniciens de l'INPN et de deux maîtres chiens de la douane, iront de découverte en découverte.
Un véritable arsenal s'offre à leurs yeux : 48 Kalachnikov, 4 armes de poing (pistolet et revolver), 32 baïonnettes, des grenades défensives et à plâtre, ainsi que 72 chargeurs !
Achetées en Slovaquie et revendues en France
Placé en garde à vue, ce "marchand d'armes" est longuement interrogé. Il déclare faire le commerce d'armes démilitarisées. Des armes qu'ils achètent à très bas prix sur Internet à des fournisseurs en Slovaquie pour les revendre en France quelques centaines d'euros pièce.
Les investigations menées par les hommes du commissaire divisionnaire Philippe Ménard, directeur du SRPJ, permettent de retrouver la trace de certaines armes vendues dans l'Hexagone ces derniers mois, notamment dans les régions de Clermont-Ferrand, de Nantes, Reims... Une vingtaine d'acheteurs a ainsi été identifiée. Chacun d'eux a reçu la visite des enquêteurs afin d'être auditionné. Les armes ont été saisies en vue d'être soumises à des expertises.
Au total donc, c'est plus d'une soixantaine de Kalachnikov qui sont placées sous scellés.
Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire
Les policiers craignent en effet que les Kalashnikov aient pu être remilitarisées et utilisées pour commettre des actions criminelles via le milieu du grand banditisme.
Déféré au palais de justice de Rouen, le "marchand d'armes" normand a été mis en examen pour acquisition, détention et cession d'armes de première et quatrième catégories. Il a été placé sous contrôle judiciaire.
Une information judiciaire a été ouverte par le parquet afin de permettre aux policiers de poursuivre leur enquête sur commission rogatoire du juge d'instruction en charge du dossier.