Bernard Cazeneuve a cité Sandrine Mortas dans l'ordre de la Nation (Photo @infoNormandie)
Le ministre de l'Intérieur s'est recueilli ce samedi matin, dans la cour d'honneur de l'hôtel de police d'Evreux, devant le cercueil, recouvert du drapeau tricolore, de Sandrine Mortas, la policière de 39 ans mortellement blessée samedi 6 septembre à Caen (Calvados), en marge des Jeux équestres mondiaux qui se déroulaient en Basse-Normandie.
La fonctionnaire a été percutée par un scooter dont le pilote a été contrôlé avec 2,38 g d'alcool dans le sang.
La fonctionnaire a été percutée par un scooter dont le pilote a été contrôlé avec 2,38 g d'alcool dans le sang.
Dès son arrivée dans la capitale de l'Eure, Bernard Cazeneuve s'est entretenu longuement avec le mari et les parents de la victime, dans le bureau du Directeur départemental de la sécurité publique, Eric Maudier. La jeune femme était maman de trois jeunes enfants.
A l'extérieur, de nombreuses personnalités civiles et militaires - dont le maire de la ville Guy Lefrand, l'ancien ministre Bruno Le Maire, député de l'Eure, le préfet de l'Eure René Bidal, la procureure de la République Dominique Laurens - avaient pris place dans la cour d'honneur pour assister à la cérémonie. Le directeur général de la police nationale Jean-Marc Falcone était également présent. On pouvait percevoir sur les visages l'émotion et la tristesse. En particulier sur ceux des collègues policiers de Sandrine Mortas, qui était en poste à Evreux depuis 2007.
A l'extérieur, de nombreuses personnalités civiles et militaires - dont le maire de la ville Guy Lefrand, l'ancien ministre Bruno Le Maire, député de l'Eure, le préfet de l'Eure René Bidal, la procureure de la République Dominique Laurens - avaient pris place dans la cour d'honneur pour assister à la cérémonie. Le directeur général de la police nationale Jean-Marc Falcone était également présent. On pouvait percevoir sur les visages l'émotion et la tristesse. En particulier sur ceux des collègues policiers de Sandrine Mortas, qui était en poste à Evreux depuis 2007.
Après avoir longuement salué la "carrière en tout point exemplaire" de Sandrine Mortas, élevée au grade de lieutenant de police à titre posthume, le ministre l'a citée à l'ordre de la Nation et décorée des insignes de la Légion d'honneur.
Bernard Cazeneuve : "sa mort brutale est une terrible injustice"
L'hommage du ministre, des personnalités civiles et militaires et des collègues de Sandrine Mortas, 39 ans, décédée dans l'exercice de ses fonctions de policière (@infoNormandie)
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a rendu un vibrant hommage à Sandrine Mortas, en présence de la famille de la policière et devant une foule de personnalités, d'amis, de collègues, policiers et gendarmes. InfoNormandie publie l'intégralité de son intervention.
« Quand samedi dernier, Sandrine Mortas est allée prendre son poste au sein du service d’ordre organisé pour les Jeux équestres mondiaux, à Caen, elle était heureuse.
L’équitation était sa passion, qu’elle pratiquait régulièrement, en compétition. Son autre passion était le service d’autrui – tâche à laquelle elle aura consacré toute sa vie professionnelle.
Cette mission aux Jeux équestres mondiaux lui permettait de concilier les deux activités qu’elle aimait le plus au monde. Sa famille, ses collègues le savaient bien, à qui Sandrine avait dit son enthousiasme.
« Sandrine a été la victime de la bêtise criminelle »
Personne n’aurait pu se douter qu’à la fin de cette journée Sandrine serait grièvement renversée par un scooter. Personne – ni ses collègues, ni elle-même – n’aurait pu imaginer un tel drame.
Sa mort brutale est une terrible injustice. Tombée en mission, Sandrine a été la victime de la bêtise criminelle – celle d’un chauffard ivre et multirécidiviste, qui a depuis été interpellé, puis placé en détention. Il revient désormais à la justice de faire son œuvre.
Après avoir courageusement résisté, Sandrine Mortas nous a quittés, dans la nuit de mardi à mercredi.
Etre policier, c’est exercer un métier noble, parfois au péril de sa propre vie. Nos concitoyens n’en ont pas toujours conscience, et le drame qui nous réunit aujourd’hui vient tristement nous le rappeler.
« Elle portait avec honneur et fierté l’uniforme de la Police nationale »
« Elle portait avec honneur et fierté l’uniforme de la Police nationale »
Une vie de policier – malgré les difficultés rencontrées, malgré les drames affrontés – est une vie passée au service de la République, une vie passée au service des Français. Une vie faite d’abnégation et de sacrifices personnels au service des autres et de l’intérêt général.
Un policier ne sait jamais ce qu’il va rencontrer dans sa journée de travail. Quelles situations il va avoir à gérer ou à affronter. Il doit sans cesse faire face à l’urgence, il est parfois confronté au danger. Il sait bien que chaque mission – même la plus anodine, en apparence – peut basculer dans le drame.
C’est cela, être policier. S’exposer soi-même pour le bien de tous, prendre des risques et l’accepter. Parce que si vous ne le faites pas, qui le fera à votre place ?
Sandrine avait fait le choix de cette vie, de cet héroïsme du quotidien. Elle portait avec honneur et fierté l’uniforme de la Police nationale.
« Sa carrière fut en tout point exemplaire »
Je sais que les mots ne suffisent pas à rendre le chagrin et l’émotion que nous ressentons tous en cet instant. J’aimerais tant pouvoir atténuer – ne serait-ce qu’un peu – la douleur qui est la vôtre, Romuald – celle aussi de Hugo, Lucie et Julie, les chers enfants de Sandrine. Celle de Sylvie et d’Alain, ses parents. Celle de tous ses collègues.
Vous avez perdu une épouse, une mère, une fille, une amie, une collègue. Rien ne saurait apaiser votre chagrin. J’en ai bien conscience.
Je veux simplement vous dire ceci : soyez fiers d’elle.
Hugo, Lucie et Julie, soyez fiers de votre maman. Sylvie et Alain, soyez fiers de votre fille. Romuald, soyez fier de Sandrine avec qui vous formiez – elle la policière, vous le sapeur-pompier de Paris – un couple voué au service des autres.
Sandrine était une grande professionnelle, passionnée par son métier. Sa carrière fut en tout point exemplaire. Le choix de se mettre au service des autres – et notamment des plus fragiles – et au service de l’intérêt général, elle l’avait fait très tôt, puisqu’avant de s’engager à 25 ans dans la Police nationale, elle se destinait à une carrière d’infirmière.
« Sandrine ne reculait devant aucun défi »
« Sandrine ne reculait devant aucun défi »
En septembre 2002, une fois diplômée de l’Ecole de Police de Roubaix, elle décida d’exercer sa mission dans la CSP de Livry Gargan, dans le département de la Seine-Saint-Denis, secteur particulièrement difficile. Sandrine ne reculait devant aucun défi.
A peine affectée là-bas, elle se distingua à plusieurs reprises, procédant à l’interpellation de plusieurs délinquants locaux. Ses chefs et ses collègues se félicitèrent de pouvoir compter sur elle pour les aider à assurer la sécurité de tous.
En 2007, elle obtint sa mutation pour la CSP d’Evreux, où elle commença par exercer ses fonctions au poste de police de la Madeleine – où là aussi elle donna entière satisfaction à sa hiérarchie.
Après un congé parental qui lui avait permis de se consacrer à ses enfants, elle intégra, en juillet 2013, la brigade de roulement B du service général. Dans sa nouvelle unité, sa motivation, son expérience et son efficacité firent rapidement merveille. Ses supérieurs, ainsi que ses collègues, sont unanimes : Sandrine était un pilier de la brigade. Sa détermination et son dévouement forçaient l’admiration de tous.
« La Police nationale est aujourd’hui en deuil »
« La Police nationale est aujourd’hui en deuil »
A ses collègues, je veux également dire ceci : je sais que Sandrine va terriblement vous manquer, mais soyez heureux de l’avoir côtoyée, d’avoir eu la chance de la rencontrer et de travailler avec elle. Souvenez-vous de la policière talentueuse et efficace qu’elle était. Souvenez-vous de sa bonne humeur communicative, de sa générosité, de son attention aux autres, de sa bienveillance à l’égard des plus jeunes et des moins expérimentés d’entre vous. La vie d’un policier est parfois faite de drames, mais aussi de joies simples, celles que procurent la solidarité et l’entraide entre collègues.
Romuald, Sylvie, Alain, Hugo, Lucie et Julie, et vous tous qui avez travaillé aux côtés de Sandrine, toutes mes pensées, tous mes sentiments sont pour vous.
Sachez que, dans cette épreuve, vous n’êtes pas seuls. Nous tous ici présents partageons la même peine.
La Police nationale est aujourd’hui en deuil, plus que jamais solidaire, comme à chaque fois qu’un tel drame survient.
« Je m’incline respectueusement devant sa mémoire »
En reconnaissance de l’Etat pour les services rendus et en hommage à sa carrière tragiquement interrompue, Sandrine MORTAS a été élevée au grade de Lieutenant de police. Elle est citée à l'Ordre de la Nation et dans un instant, elle sera décorée des insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur, de la Médaille de la Sécurité Intérieure, de la Médaille pour Acte de Courage et de Dévouement et de la Médaille d’Honneur de la Police Nationale, échelons or.
Nous saluons avec émotion le souvenir de Sandrine Mortas, qui a payé de sa vie son choix de servir les Français. Que ses enfants et ses proches sachent qu'elle a fait honneur à la Police nationale.
A Sandrine Mortas et à tous les fonctionnaires de la Police nationale, à vous tous ici présents, je veux dire que nous savons ce que nous vous devons. La République sera éternellement reconnaissante à celles et ceux qui la servent, avec courage et abnégation.
Le dévouement de Sandrine Mortas restera à jamais gravé dans nos mémoires et dans nos cœurs. Et c’est avec émotion qu’aujourd’hui, au nom du Gouvernement, je m’incline respectueusement devant sa mémoire ».
* Les citations en gras ont été extraites du discours par notre rédaction
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