Les quatre protagonistes présumés de l'assassinat d'Alexandre, un lycéen de 17 ans, dans une forêt proche de Beauvoir-en-Lyons (Seine-Maritime) sont revenus sur les lieux du crime, mardi soir. Pour les besoins d'une reconstitution. Un scénario indispensable pour un dossier criminel de cette nature, ordonné par la juge rouennaise en charge de l'instruction.
Le corps d'Alexandre a été découvert par des gardes forestiers en forêt de Lyons
Neuf mois après les faits, les investigations se poursuivent donc. Il convenait pour la magistrate mais aussi pour les avocats de la défense et de la partie civile de "planter" le décor de ce tragique et incompréhensible fait divers qui a mis en scène quatre adolescents de 15 et 17 ans.
Tué de deux balles dans la tête
Lundi 26 mars vers 23 heures, le corps carbonisé d'Alexandre était découvert dans la forêt de Beauvoir-en-Lyons, par des gardes forestiers. Le jeune homme avait été froidement abattu auparavant de deux balles dans la tête. Quatre adolescents, des enfants de la région, des frères de deux familles différentes, avaient été interpellés et mis en examen pour "assassinat avec guet-apens". Un crime puni de vingt ans d'emprisonnement compte tenu de l'excuse de minorité dont pourraient bénéficier les accusés devant une cour d'assises.
Cette reconstitution, organisée dans le plus grand secret, était destinée à permettre à chacun des accusés présumés de refaire les gestes de cette funeste soirée. A chacun aussi d'expliquer, devant la juge d'instruction, ce qu'il a vu de la scène, quelle était sa position physique au moment où Alexandre a été tué et brûlé. " Cela permet de confronter les différentes versions recueillies lors de l'enquête", souligne une source habituée à ce genre de reconstitution.
Procès pas avant plusieurs mois
Pour garantir le bon déroulement de la reconstitution, et "empêcher la présence d'intrus" (les journalistes, notamment) une quarantaine de gendarmes renforcés par des équipes cynophiles avaient été réquisitionnés par la magistrate, mardi à partir de 17 h 30 et jusqu'aux alentours de minuit. Le médecin de l'institut médico-légal de Rouen était également présent, ainsi qu'un représentant du parquet. Tous les éléments recueillis seront consignés sur procès verbal.
"Nous sommes au bout des investigations et de la clôture de l'instruction", observe un proche du dossier. Le médecin légiste versera son rapport dans les prochaines semaines au juge d'instruction. Le renvoi, le cas échéant, des accusés présumés devant une cour d'assises des mineurs n'interviendra pas avant plusieurs mois. Le procès pourrait se tenir fin 2013, début 2014.
Pas de véritable mobile
Les quatre adolescents sont toujours en détention, dans des maisons d'arrêt différentes afin qu'ils ne puissent pas communiquer entre eux. L'un des plus jeunes, Cyril, poursuit ses études en prison. Le mobile de ce drame n'a jamais été vraiment expliqué, si ce n'est cette histoire de cambriolage commis par les quatre adolescents et dont la victime était, selon eux, au courant. Aussi, pour empêcher Alexandre de les dénoncer aux gendarmes, ils auraient imaginé ce "plan diabolique" pour le supprimer.
R.L.